VA "Project Blowed presents The Good Brothers" (2004)

Publié le par Nico

gbrothers.jpgVA  - Project Blowed presents The Good Brothers (2004)
Project Blowed / Deconstruction (2004)
Durée : 64’30

1. Spud, Torch & Akim (Cypha 7) – Locked In (Prod : Riddlore?)
2. Aceyalone & Cypha 7 – Do The Math (Prod : PMG)
3. Aceyalone, Riddlore & Jah Orah – Come Unity (Prod : Riddlore?)
4. Aceyalone, Phoenix Orion, Riddlore, St. Mark 9:23 & Xololanxinxo – Card Tricks (Prod : Imperator)
5. Aceyalone & Riddlore? – Hey Ladies (Prod: Riddlore?)
6. Aceyalone & Riddlore? – GB’s In The Joint (Prod : Riddlore?)
7. Raaka Iriscience (Dilated Peoples), Aceyalone & Big Arch – Rock With Us (Prod : RJD2)
8. Riddlore? – When You See Me (Prod : Riddlore?)
9. Aceyalone & Wreccless – Hold Your Own (Prod : Riddlore?)
10. Riddlore? & Eclips Longevity – Diggin’ Through My Records (Prod : Riddlore?)
11. Aceyalone, PSC & The Grouch – Good, Bad, Ugly (Prod : Boss Beats)
12. Aceyalone, Ahmad & Pep Love – Give It Here (Prod : PMG)
13. Self Jupiter – GB BBQ (Prod : Self Jupiter)
14. Awol One & Tray-Loc – She Dances Wicked (Prod : Hines)
15. Aceyalone, Self Jupiter & Riddlore? – Lolita (Prod : Fat Jack)
16. Aceyalone & Abstract Rude – GB In Your Life (Prod : Fat Jack)
17. Aceyalone & Riddlore? – Had Love (Prod : Riddlore?)
18. Aceyalone, Abstract Rude, Phoenix Orion, Busdriver & 2Mex – Superstar (Prod : Boss Beats)

Depuis 1994, on était en attente d’une suite à la compilation fondatrice "Project Blowed" qui offrait pour la première fois une tribune à toute une scène trop méconnue de l’underground angelino. Aux cotés de Freestyle Fellowship (déjà auteurs de deux albums) et Abstract Rude venaient s’illustrer C.V.E., Ellay Khule, DK Toon, Medusa, Ganja K ou encore Volume 10, mettant ainsi un terme à l’époque du Goodlife Café et ouvrant l’ère Project Blowed de fort belle manière.
Bien que les meilleurs disques de la plupart des artistes de cette scène se situent aujourd’hui assez loin derrière eux, leurs performances respectives en tant qu’invités permettaient de porter un certain espoir à l’annonce de la sortie de ce "Good Brothers". Toutefois, un casting trop axé autour d’Aceyalone (qui, s’il n’est pas le moins talentueux – loin s’en faut – n’est pas forcément le plus décontracté de la bande) et les prods de Riddlore (pas spécialement connues pour leur qualité) pouvaient avoir de quoi inquiéter. Et c’est finalement la déception qui l’emporte.

C’est un bien terne "Good Brothers" auquel nous avons à faire : les prods sont fades, souvent sans âme et réduites à leur strict minimum dans la lignée des prods C.V.E., le charme en moins. Les MCs, sans réellement démériter (le talent ça aide), manquent cruellement de folie et achèvent de rendre un certain nombre de titres proches du soporifique par manque de folie ou d’inventivité.
Ajoutons à cela les quelques monologues remplis d’aigreur d’Aceyalone qui ne cesse de revendiquer la supériorité de sa clique et son mépris d’une industrie du disque que ses paires et lui se sont toujours montrés incapables de dompter.
Le sale boulot ayant été fait, on peut toute fois s’attarder un peu plus sur certaines réussites ou semi-réussites dont "Good Brothers" est tout de même parsemé.

C’est d’ailleurs sur une bonne surprise que s’ouvre la compilation, le très bon "Do The Math" où le duo Cypha-7 (Akim et Shaheid) fait son entrée dans la cours des grands en affirmant une identité "black & proud" non sans un certain brio. Le meilleur couplet est à mettre à l’actif d’Akim, sa voix grave, son débit limpide et son écriture constituent la (seule) vraie révélation de la compilation.
A mettre également dans la liste des morceaux réussis, le mélancolique "Lolita" produit par Fat Jack où Self Jupiter se rappelle au bon souvenir des fans de Freestyle Fellowship grâce à un refrain mélodieux et entêtant. Une cohérence avec la prod qu’il prolonge lors de son couplet, là où Aceyalone et Riddlore sont moins convaincants. Dans la même ambiance, on notera le respectable "Had Love" de Riddlore et son refrain (interprété par Aceyalone) qui gagne progressivement en intensité et donne au morceau tout son caractère.
La combinaison Aceyalone/Riddlore fonctionne d’ailleurs plutôt bien tout au long de la compilation, l’enchaînement "Hey Ladies" / "GB’s In The Joint" (plus poussif que le premier, la faute à un refrain qui aurait gagné à être chanté juste), où les deux vétérans du Goodlife Café se livrent à un exercice de style jazzy décontracté qui, s’il ne restera pas forcément dans les annales, a au moins le mérite d’être sympathique. On pourra également ranger le solo de Ridd ("When You See Me") dans la même catégorie, la nonchalance du Chillin Villain a décidemment du charme.
Toujours smooth et élégante, la paire de la A-Team (Acey & Ab) fait bien ce qu’elle sait faire et on se dit qu’effectivement, on est bien content d’avoir ces Good Brothers si ce n’est dans nos vies mais au moins sur la compile ("GB In Your Life"). Les voix d’Aaron et Eddie se complètement une nouvelle fois de plus à merveille et l’alchimie entre le rap chantonné d’Ab et la décontraction communicative d’Acey fonctionne une fois de plus. Dommage que le titre soit un peu perdu dans un océan de médiocrité (peut être y gagne-t-il aussi).

On trouvera ça et là quelques couplets bien sentis, trop rares pour qu’on ne leur rende pas un minimum hommage. On relèvera donc l’apparition de Xololanxinxo pour un couplet survitaminé dans sa langue natale, bien accompagné pour l’occasion de Riddlore ("Card Tricks"), le trop court couplet de Tray-Loc dans le délire pimp-hop qu’il affectionne ("She Dances Wicked" où on se demande ce qui est passé par la tête d’Acey pour remplacer Ellay Khule par Awol One) ou encore celui de Wreccless sur "Hold Your Own".

En fait, le problème de cette compile ne vient clairement pas des rappeurs. A l’exception de quelques uns (St. Mark 9:23 ou Eclips Longevity pour ne citer qu’eux), aucun ne démérite. Certes, la plupart se contente de fournir le minimum syndical et le tout manque souvent cruellement de folie mais on est toujours en présence de rappeurs de qualité. Non, là où le bas blesse fortement, c’est au niveau des productions qui ont majoritairement pour effet d’anesthésier l’oreille de l’auditeur qui aura tôt fait de presser le bouton stop.
Dommage, en faisant cela trop tôt, il passerait à coté du bouquet final, le très bon posse cut "Superstar", ses guitares électriques, son refrain accrocheur et ses rappeurs inspirés. Aceyalone nous ressert son couplet de "Way Cool" (nostalgie quand tu nous tiens), 2Mex est juste monstrueux, Busdriver fait bien ce qu’il sait faire de mieux et Abstract Rude, en rupture, apporte sa classe naturelle au titre.

"Good Brothers" ne fait pas partie des meilleures sorties estampillées Project Blowed, loin s’en faut. Pour autant, tout n’est pas catégoriquement à jeter et parmi les 18 pistes que contient le CD, quelques titres arrivent à se faire la part belle et n’ont pas à rougir de la comparaison avec des projets plus anciens. Encore faut-il faire l’effort d’y prêter l’oreille.

Aceyalone (Freestyle Fellowship) & Riddlore? (C.V.E.) "Hey Ladies", live @ Nouveau Casino - Paris, France (04/12/06)

Riddlore? (C.V.E.) "When You See Me", live @ Nouveau Casino - Paris, France (04/12/06)

Publié dans Musique

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