Ellay Khule the Rifleman "Riflemania" (1998)

Publié le par Nico

Ellay Khule aka Rifleman - Riflemania (1998)
Durée : 44’40

1. Baller Status (4:13)
2. Up On Game (4:01)
3. Everyday Hustle (4:40)
4. Late Nightz (2:53)
5. Friend Or Foe (4:44)
6. Boogie On (4:03)
7. Taste Test (3:17)
8. Project Blowed (4:33)
9. Gangland (U.S.C.) (3:59)
10. Confessions (4:51)
11. Start To End (feat. Pterradacto) (3:26)

Produit par Aaron Griffin : 1, 2, 4, 10, 11
Produit par Curtis Womack : 7, 8, 9
Produit par Lord G : 3
Produit par Marc Thou : 5
Produit par Marc Thou & Chris Gun : 6

Si "Califormula" (sorti en 2005) est le premier album d’Ellay Khule bénéficiant d'une vraie distribution, la carrière discographique solo du rappeur de Hip Hop Kclan a démarré dès 1998, presque 10 ans après ses débuts derrière le micro. Aujourd’hui introuvable autrement que sur CD-R avec pochette à l’imprimante bas de gamme et découpage par les enfants de Khule de rigueur, "Riflemania" a bénéficié à l’époque d’une sortie confidentielle sur compact disc manufacturé via la structure éphémère WellBell Records.

MC issu des open mics Goodlife Café et Project Blowed à Los Angeles, ex-membre de gang (Broadway Gangsta Crips) et farouche freestyleur, Ellay Khule a développé en même temps que son flow haut débit une personnalité schizophrène qu’il partage entre Ellay Khule, "l’artiste" et Rifleman, ancré au bitume brûlant de sa Californie natale. Vous l’aurez deviné, c’est à ce dernier que nous avons à faire ici, l’autoproclamée "gâchette la plus rapide de l’Ouest" livre donc un disque emprunt de la rudesse de la vie à South Central et influencé par la production gangsta de l’époque.

Comme quand il cachait un fusil de bourrin dans le coffre de sa voiture (qui sera à l’origine de son pseudonyme de Rifleman), Ellay ne fait pas les choses avec le dos de la cuillère. Le produit est brut, rugueux et sent bon le manque de moyens. Bien que talentueuse, la clique Afterlife Recordz (dont Khule faisait partie) n’est pas réputée pour la qualité de ses prods ni de ses mix, "Riflemania" en est encore la preuve.
Pour les premières, ce sont de parfaits inconnus qui s’en sont chargés (Aaron Griffin, Lord G, Marc Thou, Chris Gunn et Curtis Womack), œuvrant dans un registre funky timide. De tous les albums de membres du Project Blowed (l’inédit "Danksta Life" de Ganjah K exclu), "Riflemania" est surement celui qui se rapproche le plus d’un album de G-rap californien. Rifleman a grandi à South Central et n’est pas passé au travers de l’influence de ses voisins gangsta rappers que ce soit au niveau de ses textes qu’au niveau des prods.
Pour varié qu’il soit, l’album d’un point de vue production manque sérieusement de caractère et même de dynamisme, le Californien tombant du même coup dans un exercice de gesticulation un peu futile. On navigue entre le minimalisme de "Baller Status", le G-Funkisant (le hit "Project Blowed", meilleur titre de l’album) en passant par des ambiances plus sombres ("Friend Or Foe") ou nostalgiques ("Confessions") avec plus ou moins de réussite suivant les cas.

Alors oui, Rifleman rappe bien. Vite et bien. Mais il lui arrive de trop vouloir faire dans le démonstratif et ainsi perdre en musicalité ("Up On Game"). Un titre comme "Confessions" aurait gagné à être plus dans la retenue, le fast rhyming ne faisant ici guère d’étincelles. Il faut aussi parfois compter avec des choix particulièrement discutables dans le mix des morceaux (si mix il y a eu d’ailleurs). Entre la chambre d’écho dispensable (comme sur "Taste Test"), les backs catastrophiques (un défaut qu’il partage avec ses potes de C.V.E.) et parfois même une impression d’avoir une maquette entre les oreilles ("Baller Status"), il faudra être un tant soit peu persévérant pour rentrer de plein pied dans cet album.

Ceci dit, il y a tout de même des morceaux qui tiennent la route sur "Riflemania". On pourra ainsi citer le sympathique "Late Nightz", le funky "Boogie On", "Project Blowed" évidemment (si on devait n’en garder qu’un) ou "Friend Or Foe" bien installé par une prod plutôt réussie. Les refrains, souvent chantés, permettent au premier solo du Blowdian de gagner en caractère et d’opérer quelques percées persistantes dans le crâne de l’auditeur.

Aussi bon rappeur soit-il, Ellay Khule (ici sous les traits de Rifleman) aura mis du temps à canaliser sa fougue, ajuster son flow et travailler dans des conditions professionnelles. En 1998, on en est encore loin et c’est le coté lo-fi et brut de décoffrage qui domine "Riflemania". Bourré de charme et autant que de défauts, il ne rentrerait certainement pas dans la discographie idéale du Project Blowed. Malgré tout, armé de quelques titres sympathiques, il satisfera les amateurs du gaillard.

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Publié dans Musique

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