[Interview] : CSRD (Tracklist #11, mars 2003)

Publié le par Nico

CSRD

 

Après un maxi très remarqué pour sa pochette, un album finalement plutôt bien accueilli, CSRD (pour Club Spliton & Réservoir Dogues) reviennent encore plus « D.U.R. » dès le 8 avril dans les bacs avec un album un nouvel album. Après le succès de leur compilation « West Rider », les pionniers de la scène west française espèrent bien confirmer. Rencontre avec les chiens (et le chat) du CSRD pour une mise au point.

 

Pouvez-vous présenter chacun des groupes qui constituent CSRD ?

Pimp Cynik : Réservoir Dogues composé de moi même, Odji Ramirez, Desty Corléone, Slow A, Slap et Clever. Chacun avance un peu en free lance.

ALPHA : Club Splifton avec MSJ, Thug Babtou GG, Dim Bull et moi. On a sorti un premier album en 1999 avec d’autres membres.

A la même époque, on a rencontré les chiens du RD et on a décidé de s’associer avec eux pour former CSRD (Club Splifton Réservoir Dogues) étant donné qu’on partageait les mêmes délires. On a sorti l’album en 2000 (écoulé à 2000 exemplaires sans trop de promo) et là on rempile avec un nouvel album « D.U.R. » qui sortira le 8 avril.

Pour ceux qui ne nous connaissent pas, notre style musical est archi influencé par la west coast, le son californien. C’est une musique, un style de vie, une façon de penser…

 

Certains d’entre vous (Odji et Slow A) faisaient partie d’ATK avant, comment s’est fait la transition ? Même question pour les anciens de Yusiness (MSJ et GG).

Odji : On était dans ATK quand le groupe tournait à 21. Déjà à l’époque, on kiffait la west, on demandait des sirènes sur les instrus, etc… Ensuite le groupe a explosé et on s’est retrouvé naturellement Slow A et moi dans le RD.

GG : Au début, j’avais un groupe avec MSJ puis on a rencontré d’autres mecs avec qui on a formé Yusiness. Le groupe a splitté parce qu’on ne partageait plus trop la même vision de la musique. J’ai présenté MSJ à ALPHA et voilà.

 

Vous parliez d’état d’esprit west. Comment vous pourriez le définir ?

Dim Bull : Bois ta bière, fous ta merde et ride toute la nuit (rires).

ALPHA : C’est tout un état d’esprit lié à la funk des années 70… On traîne dans la rue, on boit des trucs… On a écouté des mecs qui avaient grandi avec cette musique, qui l’ont samplé, on s’en est senti proche et on l’a faite notre.

 

C’est donc une influence complètement assumée ? Que répondriez-vous à ceux qui disent que vous ne faites que pomper les cainris ?

ALPHA : Oui tout à fait assumée. Il faut écouter George Clinton pour comprendre. On pompe les cainris mais les cainris ne font que se pomper entre eux. La musique est mondiale, quoiqu’il arrive on copie toujours quelqu’un.

Pimp Cynik : On ne demande jamais aux mecs qui font de la east s’ils font de la east. On veut bien répondre parce qu’on sait qu’on est les premiers en France. On aimerait bien qu’on nous dise qu’on fait de la musique mais on comprend que les gens nous posent la question.

 

On pourrait croire que l’esprit west se limite aux thèmes que vous abordez (alcool, sexe, drogue, soirées…).

Desty : Il n’y a pas vraiment de thème précis. Moi mes thèmes, c’est ce que je vis dans la rue : ça peut partir d’une défonce, d’une baston, d’un son qu’ALPHA va faire… On va pas se limiter à ne parler que de tasspés ou que de la foncedé.

Pimp Cynik : On est tous différents donc chacun aura des thèmes de prédilection. CSRD, c’est deux identités différentes : Splifton sont plus dans la chatte, RD plus dans la rue. Il faut savoir que le premier album a été fait en deux semaines et sur un thème précis. A l’époque, on était à fond dans les résois, les meufs… Mais ça ne veut pas dire qu’on ne sait faire et qu’on aime faire que ça. Les gens qui nous ont limité à ça verront la différence avec notre deuxième album.

 

Le premier maxi « Dans ma niche » a fait beaucoup parlé de lui à cause de sa pochette (représentant un dobberman grimpant une meuf)…

Pimp Cynik : On voulait faire un truc différent mais peut être qu’on a été un peu trop loin dans le délire (tout en sachant que Snoop avait fait pareil pour Doggystyle sans que ça choque personne en France). Dans tous les cas, on ne regrette rien. On voulait faire un truc inédit : si j’avais eu de l’argent j’aurais fait une pochette à gratter pour que les mecs découvrent la meuf en dessous.

ALPHA : Apparemment, les personnes qui ont mal pris le truc c’est parce qu’on avait mis une femme noire. Ça aurait été une femme blanche, ça ne leur aurait pas posé de problème et ça on ne cautionne pas. C’est vraiment propre à un pseudo milieu rap français…

 

En parlant de milieu rap français, comment vous situez-vous par rapport à lui ?

ALPHA : On n’a rien à voir avec lui. Les gens de ce milieu ont une manière de penser trop conservatrice, trop fermée. Il y a une espèce de noyau dur qui a édicté des règles comme quoi il faut faire ci ou ça et pas le contraire. Nous on s’en fout, on fait ce qu’on aime.

 

Quel est la part de second degré dans vos textes ? Y a-t-il une volonté de choquer ? Je pense notamment à votre discours par rapport aux meufs…

Desty : Y a pas de volonté de choquer. Je rappe comme je parle, je me vois pas faire autrement. J’ai pas à chercher à modifier mon discours pour passer à la radio.

Par rapport aux meufs… Tu sais, il y en a qui parlent comme moi (rires). Je sais que ça peut les choquer mais je fais du rap que pour les meufs, je fais du rap pour tout le monde tout en sachant que ça peut choquer les gens.

ALPHA : Si on l’avait fait en anglais, personne n’aurait compris et ça poserait pas de problème.

 

Quelles sont les critiques que vous avez le plus souvent reçues ?

Dim Bull : Des trucs à la teletubbies du genre « trop de tatouage pour le groupe », « trop west pour les Français », etc…

Pimp Cynik : C’était dans un courrier des lecteurs de l’Affiche. J’ai trouvé ça inadmissible : personne ne fait de réflexion quand les mecs ont des chaînes en or, des joggings, etc… Je ne comprends pas qu’on nous casse les couilles là dessus mais bon, on est les pionniers en France donc on doit assumer.

 

Vous attendiez quoi de votre album quand il est sorti ? Il y avait eu le premier maxi de Sté en 1994 et quelques titres du Ministère AMER qui étaient bien west mais sinon c’était vraiment le désert…

Pimp Cynik : Il y a pas mal de gens qui ont surfé en douce sur la vague west. Les Ministère AMER et TSN ont plus ou moins été étiquetés west (ce sont des références pour la majorité des membres du groupe). On peut pas leur reprocher de pas avoir ouvert la voie parce que de toute façon, les groupes n’étaient pas prêts ou pas là.

Nous, on voudrait qu’à terme, on nous casse plus les couilles avec cette étiquette.

 

Quel est l’état de la scène « west » française actuellement ?

Pimp Cynik : C’est principalement les groupes qui sont sur la compilation West Rider. Il y a aussi des gens comme Georges Praxis et pas mal de groupes à Lyon avec qui on est en contact. Les gens les plus proches de nous sont Bass Click, Driver, Papillon, 4.21. On se rapproche de 2Moines et de Blakara de plus en plus.

Les jumeaux de Place de Clichy (Street Sound) militent bien pour cette scène, Stomy également avec son émission « Westcoast LA » sur Sky.

 

ALPHA, tu es devenu le monsieur « west » pour le son en France. Quand t’y es-tu mis ? On te demande de plus en plus de prod ?

ALPHA : Je fais du son depuis 1994-95. Mes influences sont exclusivement américaines étant donné que je n’ai jamais écouté de rap français et que je me suis mis dedans avec « The Chronic » en 1992.

Plus ça va et plus on me demande des prods mais ça reste toujours dans un cercle qui nous est proche pour le moment.

 

On va parler un peu de l’album… Sur « D.U.R. », on sent vraiment la différence entre les deux entités de CSRD. C’est quelque chose de voulu ? En l’écoutant, on se dit qu’il n’y aura sûrement pas de 3ème album…

Odji : Tout le monde a progressé aussi bien d’un point de vue flow que d’un point de vue écriture, l’évolution est très claire. ALPHA s’est défoncé pour les sons et on devient vraiment opé.

Pimp Cynik : C’est bien que tu l’ais ressenti parce que c’est vrai. Cet album va servir à ouvrir sur des albums propres aux groupes. A la base, cet album aurait du être une compilation de morceaux solos mais on s’est pris au jeu et on a remis ça. Après pour un 3ème, on ne peut pas savoir, cet album n’aurait pas du exister à la base mais s’il y en a un, j’espère qu’il y aura eu des albums solos entre temps.

 

Pourquoi « D.U.R. » ?

Pimp Cynik : C’est parce qu’on le dit 100 fois dans la journée (rires). Rien de plus.

 

Quels sont vos projets ?

Dim Bull : Un album « CSRD Collector » avec des inédits et des remix, un volume 2 de West Rider et peut être un album Réservoir Dogues. ALPHA bosse sur l’album de 4.21.

 

Baby Hermann

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