Zone d'ombre, tome 1 (2005)

Publié le par Nico

zonedombre.jpgZone d’ombre tome 1 (2005)
[The Gray Area #1-2-3 (2004)]

Scénario : Glenn Brunswick
Dessin : John Romita Jr. – Klaus Janson
Edition française : Delcourt
Edition américaine : Image Comics

Rudy Chance est ce qu’on appelle un flic ripoux. Avec ses cheveux longs et son costard impeccable, il fait penser à un mélange de Vincent Vega (Pulp Fiction) et Jacky Estacado (Darkness). Plutôt classe donc mais brutal et vicieux. Quand il ne trompe pas sa femme, il trempe dans des histoires de stupéfiants avec les caïds de Hell’s Kitchen qu’il prend plaisir à racketter. A première vue, Rudy Chance n’est donc pas un mec bien. Pourtant, ses moments de bonheur, il les vit à la plage avec sa femme et son fils, il n’hésite pas à prendre une balle à la place de son coéquipier ou à promettre à une de ses maîtresses prostituées de la sortir du trottoir en lui payant un appart.


A avoir les yeux plus gros que le ventre, on finit par s’attirer des ennuis. Un chef de la pègre nommé Karl ne digère pas que Chance, petit flic des stups, essaie de la lui faire à l’envers. Il mettra les points sur les i en assassinant la femme et le fils de celui-ci devant ses yeux. Chance n’aura dès lors pour objectif que la mort du bourreau de sa famille et entraînera dans sa chute son coéquipier Pat Goodman. Les deux flics finiront criblés de balles par les hommes de main de Karl, Chance à la morgue et Goodman dans le coma sur un lit d’hôpital.

Pourtant, ce n’en est pas fini de Rudy. Sa moralité incertaine l’envoie dans la Pénombre, une zone entre le Ciel et l’Enfer où les âmes errent avec la possibilité pour certaines d’intégrer la Garde Grise afin de se racheter. Si en revanche elles échouent, elles sont envoyées dans le Nuage Sombre où elles devront subir une douleur éternelle : comme dans les films de Romero, quand celui-ci est trop plein, le mal remonte à la surface.

Briefé par le mystérieux Jordan, Chance n’a guère d’autre choix que d’intégrer la Garde Grise, motivé en plus par la perspective d’avoir la possibilité de revoir un jour son fils. Le but de la Garde étant d’aider son prochain et Rudy n’ayant jamais marché que pour sa gueule, l’incorporation sera difficile. C’est une véritable remise en question par laquelle devra passer notre anti-héro pour atteindre la compassion nécessaire à l’obtention de ses pouvoirs de Garde.

Après quelques temps dans la Pénombre, Chance sera temporairement envoyé en mission sur Terre pour enrayer les desseins d’un échappé du Nuage. Le seul moyen pour les Gardes d’interagir vraiment sur le cours des choses est de prendre possession du corps de quelqu’un qui les estime, mission quasi-impossible pour Rudy qui se rend alors compte de ses erreurs passées.
Le seul à pouvoir l’accueillir est Pat mais il doit veiller à ne pas causer de dégâts à son corps en utilisant ses pouvoirs (chaque utilisation fait vieillir l’hôte). Equilibre difficile mais indispensable à respecter.

Mélange entre le Punisher (l’assassinat de la famille), Spawn (le pacte post-mortem et les pouvoirs qu’il engendre) et Spiderman (pour la gouaille du héro) saupoudré d’un zest de Darkness pour l’ambiance, Zone d’Ombre s’avère particulièrement efficace. Rudy Chance, sûr de lui et arrogant vacille à mesure qu’il s’enfonce dans son existence de non-vivant. Heureusement, Glenn Brunswick ne fait pas de son macho de service une lavette transparente à la première difficulté venue. Il reste cynique, grande gueule et têtu, ce qui n’est pas sans rappeler un certain Peter Parker sur lequel a brillamment travaillé John Romita Jr. (en forme comme à son habitude).

Mélanger ésotérisme et polar n’est pas une idée nouvelle, et la faute à un Glenn Brunswick peu inspiré, "Zone d’Ombre" ne restera qu’une série sympathique plutôt qu’un must have. Alors certes, l’aspect polar est bien tenu, l’ambiance bien installée (à défaut d’être originale) et le personnage de Rudy Chance attachant mais le scénariste a un sacré problème de rythme : la rédemption de Chance est trop rapide, trop tranchée, trop facile et l’arrivée dans la Pénombre un rien rébarbative.
Brunswick est trop proche de ses références (Punisher et Spawn en tête) pour être totalement prenant. La Pénombre et son organisation peuvent certes donner de bonnes choses dans l’avenir mais on a l’impression qu’on a fait le tour des capacités des Gardes et qu’en rajouter reviendrait à verser dans la surenchère (McFarlane avait été nettement plus subtile sur le même thème dans Spawn). On passe donc un bon moment de lecture mais peu de chance que "Zone d’Ombre" ne rentre au panthéon des comics.

 
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Publié dans Bédés et comics

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